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Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/203

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— Recevez mes compliments, mon jeune ami, dit Jean. Je n’ai point oublié votre charmant refrain :


Naître avec toi, flamme follette,
Mourir avec toi, feu follet !


— Ah ! monsieur ! » répondit Lionel, très fier des éloges que lui valaient ces vers, restés dans la mémoire d’un véritable connaisseur.

En entendant cet échange d’aménités, M. et Mlle de Vaudreuil furent absolument rassurés sur le compte du jeune proscrit. Maître Nick leur narra alors en quelles circonstances ils s’étaient rencontrés sur la route de Montréal à l’île Jésus, et Jean lui fut présenté comme le fils adoptif de la famille Harcher. L’explication finit par de bonnes poignées de main de part et d’autre.

Cependant Catherine criait d’une voix impérieuse :

« Allons, Thomas !… Allons !… Il n’en finit jamais !… Et ces deux toddys !… Veux-tu donc laisser monsieur Nick et monsieur Lionel mourir de soif ?…

— C’est prêt, Catherine, c’est prêt ! répondit le fermier. Ne t’impatiente pas !… »

Et Thomas Harcher, apparaissant sur le seuil, invita le notaire à le suivre dans la salle à manger.

Si maître Nick ne se fit point prier, Lionel ne se fit pas prier davantage. Là, prenant place l’un et l’autre à une table garnie de tasses coloriées et de serviettes d’une éclatante blancheur, ils se rafraîchirent de ce toddy — agréable breuvage, composé de genièvre, de sucre, de cannelle, et flanqué de deux rôties croustillantes. Cet en-cas devait permettre d’attendre l’heure du dîner sans trop défaillir.

Puis, chacun s’occupa des derniers préparatifs pour la grande fête du lendemain, dont on parlerait longtemps, sans doute, à la ferme de Chipogan.

Maître Nick, lui, allait de l’un à l’autre. Il avait un mot aimable