ou, s’il y est encore, il n’y sera plus longtemps ! Jean-Sans-Nom n’est pas facile à prendre !…
— Un vrai feu follet, dit alors le voyageur en s’adressant au jeune clerc.
— Ah ! bien !… Ah ! très bien !… s’écria maître Nick ! Salue, Lionel ! — Et, à propos, monsieur Rip, si, par hasard, vous rencontriez un feu follet sur votre route, tâchez de le saisir au collet pour l’apporter à mon clerc ! Ça fera plaisir, à cette flamme errante, d’entendre comme la traite un disciple d’Apollon !
— Ce serait avec empressement, répondit Rip, si nous n’étions pas obligés de retourner sans retard à Montréal, où j’attends de nouvelles instructions. »
Puis, se tournant vers le jeune homme :
« Et monsieur vous accompagne ?…
— Jusqu’à Laval, répondit l’inconnu…
— Où j’ai hâte d’arriver, ajouta le notaire. Au revoir, monsieur Rip ! S’il m’est impossible de vous souhaiter bonne chance, car la capture de Jean-Sans-Nom ferait trop de peine aux patriotes, je vous souhaite du moins le bonjour !…
— Et moi, bon voyage, monsieur Nick ! »
Les chevaux ayant repris le trot, Rip et ses hommes disparurent au tournant de la route. Quelques instant après, le notaire disait à son compagnon, qui s’était rejeté dans le coin du stage :
« Oui ! il faut espérer que Jean-Sans-Nom ne se laissera pas attraper ! Depuis si longtemps qu’on le cherche…
— On peut le chercher ! s’écria Lionel. Ce damné Rip lui-même y perdra sa réputation d’habileté !
— Chut ! Lionel ! Cela ne nous regarde pas !
— Ce Jean-Sans-Nom est habitué, sans doute, à déjouer la police ? demanda le voyageur.
— Comme vous dites, monsieur. S’il se laissait prendre, ce serait une grande perte pour le parti franco-canadien…