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Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/79

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Un instant après, le notaire se trouvait en présence de M. de Vaudreuil et de sa fille.

« Vous, maître Nick ! dit M. de Vaudreuil.

— En personne, et prêt à vous rendre mes devoirs, ainsi qu’à mademoiselle Clary ! » répondit le notaire.

Et il serra la main de M. de Vaudreuil, après avoir fait à la jeune fille un de ces saluts officiels, dont les anciens tabellions semblent avoir gardé la tradition surannée.

« Maître Nick, reprit M. de Vaudreuil, voilà une visite inattendue, mais qui n’en est que plus agréable.

— Agréable surtout pour moi ! répondit maître Nick. Et comment vous portez-vous, mademoiselle ?… Et vous, monsieur de Vaudreuil ? Vous avez des mines florissantes !… Décidément, il fait bon vivre à la villa Montcalm !… Il faudra que j’emporte à ma maison du marché Bon-Secours un peu de l’air qu’on y respire.

— Il ne tient qu’à vous d’en faire provision, maître Nick. Venez-nous voir plus souvent…

— Et restez quelques jours ! ajouta Clary.

— Et mon étude, et mes actes !… s’écria le loquace notaire. Voilà qui ne me laisse guère de temps pour les loisirs de la villégiature !… Ah ! pas les testaments, par exemple ! Ce que nous avons d’octogénaires, et même de centenaires !… Cela dépasse les bornes habituelles de la statistique !… Mais, par exemple, les contrats de mariage, voilà ce qui me met sur les dents !… Tenez !… Dans six semaines, j’ai rendez-vous à Laprairie, chez un de mes clients, — un de mes bons clients, vous pouvez le croire, — puisque je suis mandé pour dresser le contrat de son dix-neuvième rejeton.

— Ce doit être mon fermier Thomas Harcher, je le parierais ! répondit M. de Vaudreuil.

— Lui-même, et c’est précisément à votre ferme de Chipogan que je suis attendu.

— Quelle belle famille, maître Nick !