Aller au contenu

Page:Verne - Les Naufragés du Jonathan, Hetzel, 1909.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se portèrent les plus impatients. Leur exemple fut suivi, malgré tous les efforts du Kaw-djer et de ses amis, et les départs se multiplièrent rapidement. Dès le cinq novembre, plusieurs centaines d’Hosteliens, en proie à l’idée fixe de l’or, s’étaient rués vers les gisements et erraient dans les montagnes à la recherche d’un filon ou d’une poche riche en pépites.

L’exploitation des placers ne comporte pas de grandes difficultés en principe. S’il s’agit d’un filon, il suffit de le suivre en attaquant la roche avec le pic, puis de concasser les morceaux obtenus pour en extraire les parcelles de métal qu’ils renferment. C’est ainsi qu’on procède dans les mines du Transvaal. Toutefois, suivre un filon, c’est bientôt dit. En pratique, cela n’est pas fort aisé. Parfois les filons se brouillent et disparaissent, et ce n’est pas trop, pour les retrouver, de la science de techniciens expérimentés. À tout le moins, ils s’enfoncent très profondément dans les entrailles de la terre. Les suivre, cela revient par conséquent à ouvrir une mine, avec toutes les surprises et tous les dangers inhérents à ce genre d’entreprise. D’autre part, le quartz est une roche d’une extrême dureté, et, pour le concasser, on ne saurait se passer de machines coûteuses. Il en résulte que l’exploitation d’une mine d’or est interdite aux travailleurs isolés, et que des sociétés puissantes disposant d’une abondante main-d’œuvre et de capitaux considérables peuvent seules y trouver profit.

Aussi les chercheurs d’or, les prospecteurs, pour leur donner le nom sous lequel on les désigne d’ordinaire, lorsqu’ils ont eu la chance de découvrir un gisement, se contentent-ils de s’en assurer la concession, qu’ils rétrocèdent le plus vite possible aux banquiers et aux lanceurs d’affaires.

Ceux qui préfèrent, au contraire, exploiter pour leur propre compte et avec leurs ressources personnelles, renoncent délibérément à toute exploitation minière. Ils recherchent dans le voisinage des roches aurifères, des terrains d’alluvion formés aux dépens de ces roches par l’action séculaire des eaux. En délitant la roche, l’eau — glace, pluie ou torrent — a nécessairement emporté avec elle les parcelles d’or qu’il est très facile d’isoler. Il suffit d’un simple plat pour recueillir les sables, et d’un peu d’eau pour les laver.

C’est bien entendu, avec cet outillage si rudimentaire qu’opé-