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Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/126

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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

attiré par l’astre ; il se forma un point noir ou ligament obscur un peu moins noir que le corps de l’astre. Le même phénomène se produisit lors du second contact intérieur,

« En somme, dit Cook, l’observation fut faite avec un égal succès au fort et par les personnes que j’avais envoyées à l’est de l’île. Depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, il n’y eut pas un seul nuage au ciel, et nous observâmes, M. Green, le Dr Solander et moi, tout le passage de Vénus avec la plus grande facilité. Le télescope de M. Green et le mien étaient de la même force, et celui du Dr Solander était plus grand. Nous vîmes tout autour de la planète une atmosphère ou brouillard lumineux qui rendait moins distinct les temps des contacts et surtout des contacts intérieurs, ce qui nous fit différer les uns des autres dans nos observations plus qu’on ne devait l’attendre. »

Tandis que les officiers et les savants étaient occupés de cette observation importante, quelques gens de l’équipage, enfonçant la porte du magasin aux marchandises, volèrent un quintal de clous. C’était là un fait grave, qui pouvait avoir des conséquences désastreuses pour l’expédition. Le marché se trouvait tout d’un coup encombré de cet article d’échange, que les indigènes montraient le plus vif désir de posséder, et il y avait à craindre de voir augmenter leurs exigences. Un des voleurs fut découvert, mais on ne lui trouva que soixante-dix clous, et, bien qu’on lui appliquât vingt-quatre coups de verge, il ne voulut pas dénoncer ses complices.

D’autres incidents du même genre se produisirent encore, mais les relations ne furent pas sérieusement troublées. Les officiers purent donc faire quelques promenades dans l’intérieur de l’île, pour se rendre compte des mœurs des habitants et se livrer aux recherches scientifiques.

Ce fut pendant l’une de ces excursions que Joseph Banks rencontra une troupe de musiciens ambulants et d’improvisateurs. Il ne s’aperçut pas sans étonnement que la venue des Anglais et les diverses particularités de leur séjour formaient le sujet des chansons indigènes. Banks remonta assez loin dans l’intérieur la rivière qui se jetait dans la mer à Matavaï, et put distinguer plusieurs traces d’un volcan depuis longtemps éteint. Il planta et distribua aux indigènes un grand nombre de graines potagères, telles que melons d’eau, oranges, limons, etc., et fit tracer près du fort un jardin, où il sema quantité de graines qu’il avait prises à Rio-de-Janeiro.

Avant de lever l’ancre, Cook et ses principaux collaborateurs voulurent accomplir le périple entier de l’île, à laquelle ils donnèrent une trentaine de lieues de tour. Pendant ce voyage, ils se mirent en relations avec les chefs des diffé-