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Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/287

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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

arriver en Chine pendant le mois de février, afin d’employer l’été suivant au relèvement de la côte de Tartarie.

Il reconnut successivement, sur cette côte, l’entrée de Cross-Sound, où se terminent les hautes montagnes couvertes de neige, la baie des îles de Cook, le cap Enganno, terre basse qui s’avance beaucoup dans la mer et qui porte le mont Saint-Hyacinthe, — le mont et le cap Edgecumbe de Cook, — l’entrée de Norfolk où devait mouiller l’année suivante l’anglais Dixon, les ports Necker et Guibert, le cap Tschirikow, les îles de la Croyère, ainsi nommées du frère du fameux géographe Delisle, compagnon de Tschirikow, les îles San-Carlos, la baie de La Touche et le cap Hector.

Cette ligne de côtes, au sentiment de La Pérouse, devait être formée par un vaste archipel, et il avait raison, car c’étaient les archipels de Georges III, du Prince-de-Galles et l’île de la Reine-Charlotte, dont le cap Hector formait l’extrémité méridionale.

La saison déjà fort avancée et le peu de temps dont il disposait ne permirent pas à La Pérouse d’observer en détail cette suite de terres, mais son instinct ne l’avait pas trompé en lui faisant reconnaître une série d’îles et non pas un continent dans la succession des points qu’il avait relevés.

Après le cap Fleurieu, qui formait la pointe d’une île fort élevée, La Pérouse rencontra plusieurs groupes d’îles, auxquels il donna le nom de Sartines, et il fit route en redescendant la côte jusqu’à l’entrée de Nootka, qu’il reconnut le 25 août. Il visita ensuite diverses parties du continent dont Cook avait été obligé de se tenir éloigné, et qui forment une lacune sur sa carte, Cette navigation ne fut pas sans danger, à cause des courants, qui sont sur cette côte d’une violence extrême et « qui ne permettaient pas de gouverner avec un vent à filer trois nœuds à une distance de cinq lieues de terre. »

Le 5 septembre, l’expédition découvrit neuf petites îles, éloignées d’environ une lieue du cap Blanc, et auxquelles le commandant donna le nom d’îles Necker. La brume était très épaisse, et plus d’une fois on fut forcé de s’écarter de terre pour ne pas rencontrer quelque îlot ou quelque écueil dont la présence ne pouvait être soupçonnée. Le temps continua d’être mauvais jusqu’à la baie de Monterey, où La Pérouse trouva deux bâtiments espagnols.

La baie de Monterey était, à cette époque, fréquentée par une multitude de baleines, et la mer était littéralement couverte de pélicans, qui étaient très communs sur toute la côte de Californie. Une garnison de deux cent quatre-vingts cavaliers suffisait à contenir une population de cinquante mille Indiens errant dans cette partie de l’Amérique. Il faut dire que ces Indiens, générale-