Aller au contenu

Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Comme elles pouvaient suivre la côte de très près, il fut facile d’y observer quelques fortifications à l’européenne et d’en observer tous les détails.

Le 27, on aperçut une île qui n’était portée sur aucune carte et qui paraissait éloignée d’une vingtaine de lieues de la côte de Corée. Elle reçut le nom d’île Dagelet.

La route fut ensuite dirigée vers le Japon. Les vents contraires ne permirent d’en approcher qu’avec une extrême lenteur. Le 6 juin furent reconnus le cap Noto et l’île Iootsi-Sima.

« Le cap Noto, sur la côte du Japon, dit La Pérouse, est un point sur lequel les géographes peuvent compter ; il donnera, avec le cap Nabo sur la côte orientale, déterminé par le capitaine King, la largeur de cet empire dans sa partie septentrionale. Nos déterminations rendront encore un service plus essentiel à la géographie, car elles feront connaître la largeur de la mer de Tartarie, vers laquelle je pris le parti de diriger ma route. »

Ce fut le 11 juin que La Pérouse eut connaissance de la côte de Tartarie. Le point sur lequel il atterrit était précisément à la limite de la Corée et de la Mandchourie. Les montagnes paraissaient avoir de six à sept cents toises de hauteur. Sur leurs cimes, on apercevait de la neige, mais en petite quantité. On ne découvrit aucune trace de culture ou d’habitation. Sur une longueur de côtes de quarante lieues, l’expédition ne rencontra l’embouchure d’aucune rivière. Il eût cependant été désirable qu’on pût relâcher, afin que les naturalistes et les lithologues pussent faire quelques observations.

« Jusqu’au 14 juin, la côte avait couru au nord-est un quart nord ; nous étions déjà par 44° de latitude et nous avions atteint celle que les géographes donnent au prétendu détroit de Tessoy ; mais nous nous trouvions cinq degrés plus ouest que la longitude donnée à ce détroit ; ces cinq degrés doivent être retranchés de la Tartarie et ajoutés au canal qui la sépare des îles situées au nord du Japon. »

Depuis que les frégates prolongeaient cette côte, on n’avait vu aucune trace d’habitation ; pas une pirogue ne s’était détachée du rivage ; ce pays, quoique couvert d’arbres magnifiques et d’une végétation luxuriante, semblait ne pas avoir un seul habitant.

La 23 juin, la Boussole et l’Astrolabe laissèrent tomber l’ancre dans une baie sise par 45° 13’ de latitude nord et 135° 9’ de longitude orientale. Elle reçut le nom de baie de Ternay.

« Nous brûlions d’impatience, dit La Pérouse, d’aller reconnaître cette terre dont notre imagination était occupée depuis notre départ de France ; c’était