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Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/33

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LES PRÉCURSEURS DU CAPITAINE COOK.

Le 21 août 1721, trois navires partirent du Texel, sous son commandement : l’Aigle, de 36 canons et 111 hommes d’équipage, le Tienhoven, de 28 canons et 100 hommes, capitaine Jacques Bauman, la galère l’Africaine, de 14 canons et 60 hommes d’équipage, capitaine Henri Rosenthall. Cette navigation dans l’Atlantique n’offre aucune particularité intéressante. Après avoir touché à Rio, Roggewein se mit à la recherche d’une île qu’il appelle Auke’s Magdeland et qui doit être la terre de la Vierge, la Virginie de Hawkins, l’archipel des Falkland ou des Malouines, à moins que ce soit la Georgie Australe. Bien que ces îles fussent alors très connues, il faut croire que les Hollandais n’avaient sur leur position que des notions bien incertaines, puisque, après avoir abandonné la recherche des Falkland, ils se mirent à celle des îles Saint-Louis des Français, sans penser que ce fût le même archipel.

Au reste, il est peu de terres qui aient porté plus de noms, îles de Pepys, îles Conti, sans compter ceux que nous négligeons. On voit qu’il ne serait pas difficile d’arriver à la douzaine.

Après avoir découvert ou plutôt aperçu, sous le parallèle du détroit de Magellan et à quatre-vingts lieues de la terre d’Amérique, une île de « deux cents lieues » de circuit qu’il appela Belgique Australe, Roggewein embouqua le détroit de Lemaire, où les courants l’entraînèrent dans le sud jusque par le 62e degré 1/2 de latitude ; puis, il regagna la côte du Chili, jeta l’ancre devant l’île de la Mocha, qu’il trouva abandonnée, gagna ensuite l’île de Juan-Fernandez, où il rallia le Tienhoven, dont il était séparé depuis le 21 décembre.

Les trois vaisseaux quittèrent cette relâche avant la fin de mars et firent route à l’ouest-nord-ouest dans la direction où devait se trouver la terre découverte par Davis, entre 27 et 28° sud. Après une recherche de plusieurs jours, Roggewein arriva, le 6 avril 1722, en vue d’une île qu’il nomma île de Pâques.

Nous ne nous arrêterons pas sur les dimensions exagérées que le navigateur hollandais donne à cette terre, non plus que sur ses observations des mœurs et des usages des naturels. Nous aurons l’occasion d’y revenir avec les relations plus exactes et plus détaillées de Cook et de La Pérouse.

« Mais, ce qu’on ne trouvera pas dans ces relations, dit Fleurieu, c’est le trait d’érudition du sergent-major de Roggewein, qui, après avoir décrit la feuille du bananier, dont la longueur est de six ou huit pieds et la largeur de deux ou trois, nous apprend que c’est avec cette feuille que nos premiers parents, après leur chute, couvrirent leur nudité ; » et il ajoute, pour plus grand éclaircissement, que « ceux qui le prétendent, se fondent sur ce que cette feuille