Aller au contenu

Page:Verne - Les grands navigateurs du XVIIIe siècle, 1879.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

prohibition existait dans cette ville, et il ne fallait pas songer à remonter à Whampoa, où le navire serait taxé à des droits dont le total ne s’élèverait pas à moins de six mille piastres.

Étienne Marchand n’avait plus qu’à gagner l’île de France et, de là, Marseille, son port d’armement. C’est ce qu’il fit. Nous n’avons aucune raison pour nous arrêter sur ce voyage de retour, qui ne présenta que les incidents ordinaires à toutes les traversées de ce genre.

Quels étaient les résultats scientifiques du voyage ? Peu considérables au point de vue géographique, ils se décomposaient de la manière suivante : Découverte de la partie des îles Marquises qui avait échappé à Cook et à ses prédécesseurs, reconnaissance plus approfondie du pays, des mœurs et des usages des habitants de Santa-Christina dans le même archipel, des baies Tchinkitané et des Manteaux, de l’archipel de la Reine-Charlotte à la côte d’Amérique. C’eût été bien peu pour une expédition officielle, c’était beaucoup pour un navire, armé par de simples particuliers. En même temps, les capitaines Marchand, Chanal et Masse avaient si bien su mettre à profit les nouvelles méthodes, ils avaient étudié avec tant de fruit les relations de leurs devanciers, qu’ils étaient parvenus à donner à leur route une précision que bien peu de navigateurs avaient pu atteindre. À leur tour, ils allaient contribuer à l’instruction de leurs successeurs par l’exactitude de leurs cartes et de leurs relevés.

Les circonstances ne devaient pas être aussi favorables, il s’en faut, pour la publication du récit d’une expédition scientifique que le gouvernement français allait envoyer, quelques années plus tard, dans le but de reconnaître les côtes de l’Australie. Bien que les résultats de la campagne du capitaine Nicolas Baudin aient été des plus abondants, il semble que, jusqu’à ce jour, le mauvais sort se soit attaché à cette expédition, et que tous les dictionnaires biographiques et les relations de voyage se soient donné le mot pour en parler aussi peu que possible.

Depuis le jour où Tasman avait reconnu la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande, bien des progrès avaient été accomplis pour la connaissance de cet immense continent mystérieux. Cook avait relevé la côte orientale tout entière, signalé le détroit de l’Endeavour et chaudement recommandé à son gouvernement les avantages qu’on pourrait tirer d’un établissement à la baie Botanique. En 1788, Phillip avait jeté, avec ses convicts, les premiers fondements de Port-Jackson et de la puissance anglaise dans cette cinquième partie du monde.

En 1795 et 1796, le midshipman Flinders et le chirurgien Bass, avec une ché-