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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/88

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cha point de jeter un regard curieux sur ce pays que traversait la diligence — lequel ne ressemblait guère aux plaines bretonnes, même à celles qui sont accidentées. Mais peut-être fut-il le seul de ces six voyageurs qui songeât à garder le souvenir des divers points de vue de cette campagne tunisienne.

Le véhicule, peu confortable, ne roulait pas vite. D’un relais à l’autre, ses trois chevaux se fatiguaient à trotter sur une route d’un profil capricieux, avec côtes d’une raideur alpestre, lacets brusques, — surtout dans cette vallée fantaisiste de la Medjerda, — ruisseaux torrentueux, sans ponts, et dont l’eau atteignait le heurtequin des roues.

Le temps était beau, le ciel d’un bleu cru ou plutôt d’un bleu cuit, tant il s’échappait d’intense chaleur du foyer solaire.

Le Bardo, le palais du bey, qu’on entrevit sur la gauche, éclatait de blancheur, et il eût été prudent de ne le regarder qu’à travers des lunettes fumées. De même d’autres palais, encorbeillés d’épais ficus et de poivriers semblables à des saules pleureurs, dont les branches retombaient jusqu’à terre. Çà et là, se groupaient des gourbis, drapés de toiles zé-