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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/94

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les flancs d’une montagne. Ici se dressaient les gourbis, là paissaient les troupeaux, au bord d’un torrent dans le lit duquel se précipitaient les eaux riveraines. Puis surgissait une maison de relais, — le plus souvent quelque misérable écurie, où logeaient en complète promiscuité les gens et les bêtes.

Le soir, on vint relayer à Gardimaou, ou plutôt à la cabane de bois qui, entourée de quelques autres, devait former, vingt ans plus tard, l’une des stations du chemin de fer de Bône à Tunis. Après une halte de deux heures, — trop longues à coup sûr pour le dîner rudimentaire que fournit l’auberge, — la diligence se remit en route en suivant les méandres de la vallée, tantôt côtoyant la Medjerda, tantôt traversant des rios dont l’eau inondait la caisse où reposaient les pieds des voyageurs, gravissant des côtes si raides que l’attelage semblait n’y pouvoir suffire, dévalant les pentes avec une rapidité que les freins ne modéraient pas sans peine.

Le pays était magnifique, surtout aux environs de Moughtars. Toutefois, personne n’en put rien voir par cette nuit très obscure, embrouillée de longues brumes. Il y avait lieu,