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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/152

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seconde patrie.

le cap de l’Espoir-Trompé, comprenant les métairies de Waldegg, de l’ermitage d’Eberfurt, de Zuckertop et de Prospect-Hill.

« Et je m’étonne, mon cher Zermatt, dit-il un jour, que, depuis douze ans, ni vos enfants ni vous n’ayez essayé de pénétrer à l’intérieur de la Nouvelle-Suisse…

– Et pourquoi l’aurions-nous fait, Wolston ?… répliqua M. Zermatt. Songez donc à ceci : lorsque le naufrage du Landlord nous eut jetés sur cette côte, mes fils n’étaient que des enfants, et incapables de me seconder dans une exploration… ma femme n’aurait pu m’accompagner, et il eût été très imprudent de la laisser seule…

– Seule avec François qui n’avait que cinq ans… ajouta Mme Betsie, et, d’ailleurs, nous n’avions pas perdu l’espoir d’être recueillis par quelque bâtiment…

– Avant tout, continua M. Zermatt, il s’agissait de pourvoir à nos besoins immédiats, en restant dans le voisinage du navire, tant que nous n’en aurions pas retiré tout ce qui pouvait nous être utile. Or, à l’embouchure du ruisseau des Chacals, nous avions de l’eau douce, sur la rive gauche, des champs faciles à cultiver, et, non loin, des plantations toutes venues. Bientôt, le hasard nous fit découvrir cette demeure saine et sûre de Felsenheim. Devions-nous perdre du temps à satisfaire notre curiosité ?…

– D’ailleurs, s’éloigner de la baie du Salut, fit observer Ernest, n’était-ce pas s’exposer à