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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/186

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seconde patrie.


– Eh bien, reprit Annah, voulez-vous que je vous dise ma pensée ?…

– Si je le veux !… répondit Jack.

– C’est qu’un jour ou l’autre on le reverra cet albatros…

– Évidemment, puisque je ne l’aurai pas tué ! »

Vers neuf heures, la pinasse était presque par le travers de la dépression formée par un brusque retour de la falaise vers l’intérieur. La crête littorale commençait à s’abaisser. De larges talus moins rudes la raccordaient avec les grèves sablonneuses, accidentées de tumescences noirâtres. Autant de récifs que recouvrait le plein de la mer, et qui se projetaient parfois de plusieurs encablures au large. L’Élisabeth s’en rapprocha avec prudence. M. Wolston, penché à l’avant, observait attentivement les eaux, leur bouillonnement suspect, leur changement de couleur, tout ce qui eût signalé la présence d’un écueil.

« Ah ! par exemple, s’écria Jack en ce moment, on ne dira pas, du moins, que cette côte est déserte !… Il y a du monde là-bas… et du beau monde ! »

Tous les regards se portèrent vers les grèves et les roches, où les yeux perçants de Jack apercevaient des êtres vivants en grand nombre.

« Explique-toi, mon fils, lui dit sa mère. Tu vois là des hommes… des sauvages… peut-être… »