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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/211

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seconde patrie.

une anse, dans laquelle venait se jeter un petit affluent d’eau vive et fraîche. Au-dessus se penchaient de grands arbres, à feuillage épais, remplis de pépiements et de coups d’ailes. C’était un bouquet de ces puissants figuiers d’Inde, presque semblables aux mangliers de Falkenhorst. En arrière, des groupes de chênes verts étalaient leur large parasol que le soleil ne pouvait percer. Puis, au fond, sous le dôme des goyaviers et des cannelliers, le long du rio tributaire, se glissait une fraîche brise qui balançait les basses branches comme des éventails.

« En vérité, dit Mme Zermatt, voilà un coin délicieux, tout indiqué pour y bâtir une villa !… Il est dommage que ce soit si loin de Felsenheim…

– Oui… trop loin, ma chère amie, répondit M. Zermatt. Mais cet emplacement ne sera pas perdu, crois-le bien, et il ne faut pas tout prendre pour soi !… Ne veux-tu donc rien laisser à nos futurs concitoyens ?…

– Soyez certaine, Betsie, dit Mme Wolston, que cette partie de l’île, arrosée par la rivière Montrose, sera très recherchée des nouveaux colons…

– Et, en attendant, dit Jack, je propose d’y camper jusqu’à ce soir et même jusqu’au matin…

– C’est la question à résoudre, déclara M. Zermatt. N’oublions pas que le jusant peut nous ramener à la crique en deux heures, et