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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/214

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seconde patrie.

et Jack suivaient la berge du rio sinueux qui descendait du nord.

Au delà de ce coude, la Montrose obliquait vers le sud-ouest. Le canot continua de naviguer le long des rives bordées de futaies touffues, presque inabordables, tant les herbes enchevêtrées, les roseaux entrecroisés en garnissaient les talus. Il eût été impossible d’y débarquer, et ce n’était pas nécessaire. L’important était de relever la direction générale de la rivière en gagnant sur l’amont aussi loin que possible. D’autre part, le champ de vue ne tarda pas à s’élargir. À une demi-lieue de là, entre les massifs moins épais, les arbres isolés projetaient une ombre que les rayons verticaux du soleil arrondissaient à leur pied. Puis ce fut une succession de larges plaines, bossuées çà et là de tumescences rocheuses, qui semblaient se développer sans interruption jusqu’à la base des montagnes.

La surface de la Montrose, pour ainsi dire imbibée de lumière, resplendissait comme un miroir. Il y eut lieu de regretter l’abri des arbres qui la bordaient vers l’aval. En outre, au milieu d’une atmosphère embrasée, presque sans brise alors, le maniement des avirons devint pénible. Très heureusement, la force du courant n’était pas accrue de la marée descendante, puisque le flot s’arrêtait au dernier coude. Il n’y avait à refouler que l’écoulement normal des eaux, plutôt basses à cette époque de l’année. Il n’en