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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/328

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seconde patrie.

et gambades, si les deux frères n’eussent été qu’à quelques centaines de pas !

Il y eut lieu de rentrer à Felsenheim, non sans inquiétude, tout en se disant que le retard ne pouvait se prolonger. On se mit à table, tristement, l’oreille tendue vers le dehors, et c’est à peine si les uns ou les autres touchèrent à ces plats, dont les absents n’eussent certainement rien laissé.

« Voyons… un peu de calme… finit par dire M. Zermatt. Tâchons de ne point exagérer… Puisqu’il a fallu trois jours pour gagner la base de la montagne, pourquoi n’en faudrait-il pas autant pour revenir ?…

– Vous avez raison, monsieur Zermatt, répondit Annah, cependant le billet d’Ernest n’indique-t-il pas qu’il suffira de quarante-huit heures…

– J’en conviens, ma chère enfant, ajouta Mme Zermatt. Mais ce brave garçon a tant d’envie de nous revoir qu’il aura promis plus qu’il ne pouvait tenir… »

En somme, il n’y avait pas encore à se tourmenter sérieusement. M. Zermatt l’affirmait non sans justesse. Et cependant, cette nuit-là, aucun des hôtes de Felsenheim ne retrouva le tranquille sommeil de la nuit précédente.

Enfin, ce qui ne devait être, après tout, qu’appréhension, devint trouble et même angoisse le lendemain, 3 octobre, lorsque le soir fut arrivé. Ni M. Wolston, ni Ernest, ni Jack n’avaient paru. Un tel retard, n’était-ce pas inexplicable