Aller au contenu

Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

28
seconde patrie.

sion perdue. Mais Fritz la regrettait pour eux, ou plutôt pour Jenny.

En effet, si le navire s’était éloigné, s’il ne devait pas revenir sur ces parages, quel sujet de déception pour la fille du colonel Montrose !… La possibilité d’être ramenée à son père lui échappait… Cette occasion de revenir en Europe, combien de temps s’écoulerait avant qu’elle se représentât, et même se représenterait-elle ?…

« Espérons !… espérons !… répétait Fritz, que la douleur de Jenny accablait. Ce bâtiment… ou un autre… reviendra, puisqu’on va maintenant avoir connaissance de la Nouvelle-Suisse ! »

Pendant la nuit du 11 au 12 octobre, le vent ayant remonté au nord, le mauvais temps prit fin. À l’intérieur de la baie du Salut, la mer tomba vite, et, dès l’aube, les lames ne roulaient plus sur la grève de Felsenheim.

Toute la famille venait de quitter l’enclos, et portait ses regards en direction de la pleine mer.

« Allons à l’îlot du Requin, proposa aussitôt Fritz… Il n’y a aucun risque pour le kaïak…

— Qu’y ferez-vous ?… demanda Mme Zermatt.

— Peut-être le navire est-il encore en relâche à l’abri du littoral… et même, si la tempête l’a obligé à gagner le large, peut-être est-il revenu ?… Tirons quelques coups de canon, et s’ils reçoivent une réponse…

— Oui… Fritz… oui !… répéta. Jenny, qui