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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/51

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seconde patrie.

recommandations furent faites aux deux frères. Après avoir doublé le cap, ils devaient suivre la terre, se glisser entre les roches de cette partie de la côte, voir avant d’avoir été vus, s’assurer seulement de la situation du bâtiment, ne point monter à bord, et revenir aussitôt à Felsenheim. M. Zermatt déciderait alors ce qu’il y aurait à faire. Si Fritz et Jack pouvaient même éviter d’être aperçus, ce serait préférable à tous égards.

Peut-être aussi, — c’est ce que fit observer Ernest, — conviendrait-il que Fritz et Jack pussent être pris pour des sauvages. Pourquoi, après s’être vêtus à leur mode, ne se noirciraient-ils pas la figure, les bras et les mains, — moyen déjà employé par Fritz, lorsqu’il avait ramené Jenny à la baie des Perles ? L’équipage du navire serait moins surpris de rencontrer des noirs sur cette terre de l’océan Indien…

L’avis d’Ernest était bon. Les deux frères se déguisèrent en indigènes des Nicobar, puis s’appliquèrent une couche de suie sur la figure et sur les bras. Cela fait, ils embarquèrent et, une demi-heure plus tard, le kaïak était déjà hors du goulet.

Inutile de dire que M. et Mme Zermatt, Jenny, Ernest, François le suivirent du regard tant qu’il fut visible, et ne rentrèrent à Felsenheim qu’après l’avoir vu sortir de la baie du Salut. À la hauteur de l’îlot du Requin, Fritz manœuvra de manière à se rapprocher du littoral