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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/63

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seconde patrie.

officiers exprimèrent le désir d’aller visiter les aménagements de la petite colonie, les confortables installations de Felsenheim et de Falkenhorst.

Après un excellent repas qui fut servi à bord de la Licorne, M. et Mme Zermatt, leurs quatre fils et Jenny prirent congé du lieutenant Littlestone, et allèrent s’abriter sous les tentes au fond de la baie.

Et, lorsqu’il fut seul avec sa femme, voici ce que M. Zermatt crut devoir lui dire :

« Ma chère Betsie, une occasion nous est offerte de revenir en Europe, de revoir nos compatriotes et nos amis… Mais il faut réfléchir que notre situation est changée maintenant… La Nouvelle-Suisse n’est plus une île inconnue… D’autres navires ne tarderont pas à y relâcher…

— Où veux-tu en venir?… demanda Mme Zermatt.

— À décider si nous devons ou non mettre cette occasion à profit?…

— Mon ami, répondit Betsie, depuis hier, j’ai bien réfléchi, et voici le résultat de mes réflexions : Pourquoi quitter cette terre où nous sommes si heureux ?… Pourquoi vouloir renouer des relations que le temps et l’absence ont dû briser complètement ?… Ne sommes-nous pas déjà arrivés à un âge où l’on aspire trop volontiers après le repos pour courir les chances d’une longue traversée ?…

— Ah! chère femme, s’écria M. Zermatt, en