Aller au contenu

Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

114
seconde patrie.


« Il est vrai, ainsi que le dit John Block à Fritz, si nous avions attrapé pareille tempête au large, notre chaloupe serait par le fond et nous avec ! »

Fritz ne répondit rien et, sous un déluge de pluie et de grêle, vint se réfugier près de Jenny, Doll, Suzan en proie aux plus vives inquiétudes. Grâce à son orientation dans l’angle du promontoire, la grotte n’avait pas été inondée à l’intérieur.

Vers minuit, lorsque la pluie eut cessé, le bosseman disposa à l’entrée un tas de goémons secs qu’il retira d’une des cavités de la falaise. Un feu vif y eut bientôt séché les habits trempés par les rafales et les lames.

Jusqu’à l’heure où les violences de l’orage s’apaisèrent, le ciel ne cessa d’être en feu. Les roulements de la foudre diminuèrent bientôt avec le déplacement des nuages chassés vers le nord. Mais, tandis que la baie continuait à s’illuminer d’éclairs lointains, le vent continua de souffler avec force, soulevant la houle qui déferlait tumultueusement sur la grève.

Dès l’aube, les hommes sortirent de la grotte. Des nuées échevelées passaient au-dessus de la falaise. Quelques-unes, plus basses, couraient à sa surface. Pendant la nuit, la foudre l’avait frappée à deux ou trois endroits. D’énormes débris de roches gisaient à sa base. D’ailleurs on n’y put apercevoir ni une fissure ni une lézarde par lesquelles il eût été possible de s’in-