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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/181

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seconde patrie.


Rien en vue ni vers le sud, ni vers l’est, ni vers l’ouest… Rien que la vaste mer !…

En s’étendant au nord, le plateau développait une étendue qu’il était impossible d’estimer, car on n’en voyait pas l’arête terminale. De ce côté présentait-il quelque paroi à pic, dressée face au large ?… Faudrait-il aller jusqu’à son extrémité pour retrouver l’horizon de mer ?…

En somme, c’était une déception pour ceux qui espéraient mettre le pied sur une région fertile, verdoyante, boisée ! Même aridité, même désolation qu’à la baie des Tortues, qui était moins triste, sinon moins stérile, puisque des mousses la tapissaient ça et là, et les plantes marines ne manquaient pas à sa marge sablonneuse. Puis, lorsque l’on se retournait vers le levant ou le couchant, en vain cherchait-on les linéaments d’un continent ou d’une île. Tout indiquait un îlot isolé au milieu de ces parages.

Il est vrai, puisque la mer n’apparaissait pas en direction du nord, c’est que le plateau se développait sur une distance de plusieurs lieues… Et cette distance, il serait nécessaire de la franchir pour se retrouver en vue du large en cette direction.

Pas une parole ne fut prononcée ni par le capitaine Gould ni par ses compagnons devant cet anéantissement de leur dernière espérance. Ces affreuses solitudes n’offrant aucune ressource, il n’y avait plus qu’à reprendre la route du ravin, regagner cette grève, réintégrer la