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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/187

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seconde patrie.

y avait des vivres pour quelques jours, et peut-être ne serait-il pas nécessaire de retourner à la grotte pour les renouveler… Et puis toute appréhension ne devait-elle pas être bannie au sujet d’un hivernage sur la baie des Tortues ?…

La nuit était close, – une interminable nuit dont personne n’oublierait jamais les longues heures, si ce n’est le petit Bob qui s’endormit entre les bras de sa mère. Il régnait une profonde obscurité, et, du côté de la mer, le feu d’un navire eût été visible à plusieurs lieues au large.

Le capitaine Gould et les siens, pour la plupart, persistèrent à demeurer sur pied jusqu’au lever de l’aube. Leurs regards fouillaient incessamment l’est, l’ouest, le sud, dans l’espoir qu’un bâtiment vînt à passer au large de l’îlot, non sans la crainte qu’il le laissât en arrière pour n’y plus revenir. S’ils eussent été en ce moment à la baie des Tortues, ils auraient allumé un feu sur la pointe du promontoire… Ici c’était impossible.

Aucune lueur ne brilla avant le retour de l’aube, aucune détonation ne vint troubler le silence de cette nuit, aucun navire ne se montra en vue de l’îlot.

Aussi le capitaine Gould, Fritz, François, le bosseman se demandaient s’ils ne s’étaient pas trompés, s’ils n’avaient pas pris pour des décharges d’artillerie ce qui pouvait n’être qu’un bruit lointain d’orage…