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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/193

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seconde patrie.


Cette proposition fut unanimement rejetée… On ne se séparerait pas… Tous voulaient être là au moment où la mer apparaîtrait au nord, si elle devait apparaître.

La marche reprit vers neuf heures. La brume tempérait les ardeurs du soleil. À cette époque de l’année, elles eussent été insoutenables à la surface de ce champ pierreux, que les rayons frapperaient presque perpendiculairement au moment de la méridienne.

Tout en se développant vers le nord, le plateau s’élargissait vers l’est et vers l’ouest, et la mer, qui jusqu’alors était restée visible en ces deux directions, finirait par n’être plus visible. Au surplus, pas un arbre, pas trace de végétation, même stérilité, même solitude. Quelques tumescences se dessinaient ça et là en avant.

À onze heures, une sorte de cône montra sa cime dénudée qui dominait cette partie du plateau de trois cents pieds environ.

« C’est ce sommet qu’il faut atteindre… dit Jenny.

– Oui… répondit Fritz, et de là, notre regard s’étendra sur un plus large horizon… Mais peut-être l’ascension sera-t-elle rude !… »

Oui, sans doute, mais tel était l’irrésistible désir d’être fixé sur la situation, que personne n’eût voulu demeurer en arrière, quelle que dût être la fatigue. Qui sait, cependant, si ces pauvres gens n’allaient pas à une dernière déception, où se dissiperait leur dernier espoir ?…