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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/247

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seconde patrie.

vu de loin leurs pirogues… Peut-être ont-ils eu le temps de se réfugier dans une des métairies, même au fond des bois de la baie des Perles, où ces sauvages n’ont pas dû s’aventurer… En quittant l’ermitage d’Eberfurt, après avoir traversé le canal, nous n’avons trouvé aucune trace de leur passage… Mon opinion est qu’ils n’ont pas cherché à s’éloigner du littoral…

– Je le pense aussi, ajouta Harry Gould, et à mon avis, M. Zermatt et M. Wolston se sont enfuis avec leurs familles…

– Oui… je l’affirmerais !… déclara Jenny. Ma chère Doll, et vous, Suzan, ne désespérez pas… ne pleurez plus !… Vous reverrez votre père, votre mère, comme nous reverrons les tiens, Fritz, les vôtres, James !… »

La jeune femme s’exprimait avec une telle conviction qu’à l’entendre, l’espoir revenait, et François lui prit la main, en disant :

« C’est Dieu qui parle par votre bouche, ma chère Jenny ! »

Du reste, à bien réfléchir, ainsi que le fît valoir le capitaine Gould, il était peu supposable que Felsenheim eût été surpris par l’attaque des naturels, puisque les pirogues ne pouvaient atterrir de nuit sur cette côte qu’ils ne connaissaient pas. C’est pendant le jour qu’elles avaient dû arriver, soit de l’est, soit de l’ouest, en se dirigeant vers la baie du Salut. Or, étant donnée la disposition de ce bras de mer entre le cap de l’Est et le cap de l’Espoir-Trompé, comment