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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/25

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seconde patrie.

taine a été embarqué avec nous dans cette chaloupe… et voilà huit jours déjà… c’est vous qui le remplacez… Notre salut est donc entre vos mains… Avez-vous quelque espoir ?…

– Si j’en ai ! répondit John Block. Oui… je vous assure !… J’espère que ces satanés calmes ne tarderont pas à prendre fin, et que le vent nous conduira à bon port…

– À bon port ?… reprit le passager en cherchant à percer du regard cette nuit profonde.

– Eh ! que diable ! affirma John Block, il y en a un quelque part !… Il ne s’agit que de mettre le cap dessus, avec vent sous vergues !… Bon Dieu ! si j’était le Créateur, comme je ferais pointer autour de nous quelques demi-douzaines d’îles à notre convenance !

– Nous ne lui en demandons pas tant, bosseman… répondit le passager qui ne put s’empêcher de sourire à cette réflexion.

– En effet, répliqua John Block, qu’il pousse notre chaloupe vers une de celles qui existent déjà, cela suffira, et il n’est pas nécessaire qu’il fabrique des îles exprès, quoique, à vrai dire, il s’en montre avare dans ces parages !…

– Mais où sommes-nous ?…

– Je ne saurais le dire, même à quelques centaines de lieues près, répliqua John Block. Huit jours… huit longs jours, nous sommes restés renfermés dans la cale sans avoir pu observer quelle route suivait le navire, s’il allait au sud ou au nord… Dans tous les cas, il devait