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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/251

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seconde patrie.

sur l’autre rive, ils passeraient le ruisseau à la nage, et tenteraient de pénétrer par le verger dans l’enclos de Felsenheim. Il serait facile de voir par l’une des fenêtres si les familles y étaient renfermées. Si elles n’y étaient pas, François et John Block reviendraient aussitôt à Falkenhorst, et l’on aviserait à gagner Zuckertop avant le lever du jour.

Donc, il convenait d’attendre, et avec quelle lenteur s’écoulèrent les heures ! Jamais le capitaine Gould et ses compagnons n’avaient été plus profondément accablés, – même après l’abandon de la chaloupe sur ces parages inconnus, même quand l’embarcation se fut brisée contre les roches de la baie des Tortues, même lorsque les naufragés, et avec eux trois femmes et un enfant, se virent menacés d’un hivernage sur cette côte aride, au fond de cette prison dont ils ne pouvaient sortir !

Du moins, au milieu de tant d’épreuves avaient-ils alors cette consolation d’être sans inquiétude pour ceux qui habitaient la Nouvelle-Suisse !… Et voici qu’ils venaient de retrouver l’île au pouvoir d’une bande de naturels… et ils ne savaient ce qu’étaient devenus leurs parents, leurs amis… et ils pouvaient craindre qu’ils n’eussent péri dans un massacre…

Cependant la journée s’avançait. De temps en temps, l’un ou l’autre, plus particulièrement Fritz et le bosseman, se hissait entre les branches du manglier, afin d’observer la cam-