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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/46

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seconde patrie.


Jenny Montrose voulut partir immédiatement pour Londres, ou demeurait sa tante, une belle-sœur de son père. Si le colonel était en service, elle ne l’y trouverait pas, puisque la campagne pour laquelle il avait été rappelé de l’Inde anglaise devait durer plusieurs années. Mais, s’il avait sa retraite, il se serait retiré près de sa belle-sœur, et c’était là qu’il reverrait enfin celle qu’il croyait victime du naufrage de la Dorcas.

Fritz et François offrirent à Jenny de la conduire à Londres où leurs affaires les appelaient aussi, et l’on sait si Fritz avait hâte de se rencontrer avec le colonel Montrose. Jenny accepta de grand cœur. Tous trois partirent le soir même et arrivèrent à Londres dans la matinée du 23.

Un grand chagrin frappa Jenny Montrose. Ce fut de sa tante qu’elle apprit que le colonel était mort au cours de sa dernière campagne, sans avoir su que sa fille tant pleurée vivait encore ! Revenue des lointains parages de l’océan Indien pour embrasser son père, pour ne plus se séparer de lui, pour lui présenter son sauveur, pour lui demander de consentir à leur union et de la bénir, Jenny ne devait plus le revoir.

On comprend ce que dut être sa douleur en présence d’un malheur si imprévu !… En vain sa tante ne cessa-t-elle de lui prodiguer les plus affectueuses consolations… En vain Fritz joignait-il ses larmes aux siennes !… Le coup était trop rude, et jamais il ne lui serait venu à la