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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/70

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seconde patrie.

François, comme on arrêta James qui n’entendit pas Suzan répondre à son appel. Ils furent aussitôt maîtrisés, et, malgré leur résistance, affalés avec Harry Gould et John Block par-dessus les bastingages dans la chaloupe que sa bosse maintenait le long du navire.

Quelles ne furent pas leur surprise et leur joie… oui ! leur joie… Dans l’embarcation se trouvaient déjà les êtres chéris qu’ils avaient inutilement appelés !… Les passagères venaient d’être descendues quelques instants avant que les prisonniers eussent quitté le faux pont. Elles attendaient, en proie à des transes terribles, ignorant si leurs compagnons allaient être abandonnés avec elles au milieu de cette portion du Pacifique, vers laquelle Robert Borupt avait sans doute entraîné le Flag !…

Il y eut alors des scènes d’attendrissement, des pleurs versés !… Il leur semblait que d’être réunis, c’était la plus grande grâce que le Ciel eût pu leur faire !…

Et pourtant, quels dangers les menaçaient à bord de cette embarcation! On n’y avait jeté que quatre sacs de biscuit et de viande conservée, trois barils d’eau douce, divers ustensiles de cuisine, un paquet de vêtements et de couvertures pris au hasard dans les cabines, – à peine de quoi résister aux assauts des mauvais temps, aux tortures de la faim et de la soif !…

Mais ils étaient ensemble… La mort seule pourrait les séparer désormais…