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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/73

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seconde patrie.


– Ne vous êtes-vous pas trompé, monsieur François ?… dit John Block.

– Non, bosseman, non !… Le nuage s’est rabaissé sur l’horizon, mais la terre est derrière… Je l’ai vue… j’affirme l’avoir vue… »

Jenny venait de se relever et, saisissant le bras de son mari:

« Il faut croire ce que dit François, déclara-t-elle. Sa vue est perçante… Il n’a pu faire erreur…

– Je ne me suis pas trompé, affirma de nouveau François. Croyez-moi comme me croit Jenny… J’ai parfaitement distingué une hauteur… Elle a été visible pendant près d’une minute dans la fente des nuages… Se continuait-elle au delà à l’est et à l’ouest, il n’était pas possible de le reconnaître… Mais, île ou continent, la terre est là ! »

Comment mettre en doute ce que François disait en des termes si affirmatifs ? Et puis, le besoin de croire à la réalisation de ce qu’on a tant espéré ne disposait-il pas les esprits à la confiance ?… Aussi ces infortunés voulurent-ils s’unir dans la prière que François adressa au Tout-Puissant.

Et maintenant, à quelle terre appartenait cette côte, on le saurait peut-être, lorsque la chaloupe l’aurait atteinte. En tout cas, ses passagers, soit cinq hommes, Fritz, François, James, le capitaine Harry Gould, le bosseman John Block, trois femmes, Jenny, Doll, Suzan et son