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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/75

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seconde patrie.


– Aux avirons !… » commanda Harry Gould, d’une voix qu’on entendit à peine.

Et il était fâcheux que le capitaine ne fût pas en état de gouverner, car à quatre, les passagers eussent fait meilleure besogne.

Il est vrai, Fritz, François, James, quoique dans toute la force de la jeunesse, le bosseman encore vigoureux, tous endurcis aux travaux manuels, étaient alors très affaiblis par les privations et les fatigues. Huit jours venaient de s’écouler depuis que le Flag les avait laissés à l’abandon. De leurs provisions, cependant ménagées avec une extrême parcimonie, il ne restait plus que pour vingt-quatre heures. Trois ou quatre fois la pêche avait procuré un peu de poisson, au moyen de longues lignes mises à la traîne. Un petit fourneau, une petite chaudière, une bouilloire, voilà les seuls ustensiles qu’ils possédaient avec leurs couteaux de poche. Et si cette terre n’était qu’un îlot rocheux, s’il fallait que la chaloupe reprît pendant de longs jours cette pénible navigation à la recherche d’un continent ou d’une île, où l’existence serait possible…

Néanmoins, tous avaient senti se réveiller leur espoir, après que le cri de François se fut fait entendre. Il faut avoir passé par de telles épreuves pour comprendre à quels riens peuvent se rattacher des créatures humaines !… C’est le naufragé qui rencontre un bout de planche flottant à sa portée !… Au lieu de cette