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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/81

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seconde patrie.

songer, oubliant même les dangers qui les menaçaient pour ne penser qu’à leurs parents et à leurs amis.

En effet, on était au 13 octobre. Depuis près d’un an déjà, la Licorne avait quitté l’île, à laquelle elle devait revenir vers la présente époque. À Felsenheim, M. et Mme Zermatt, Ernest et Jack, M. et Mme Wolston, leur fille Annah comptaient maintenant les jours et les heures…

Oui… tous devaient guetter l’arrivée de la corvette au tournant du cap de l’Espoir-Trompé, s’annonçant par des coups de canon auxquels répondrait la batterie de l’îlot du Requin… Et, dans un mois, dans deux mois, que se diraient-ils !… Tout d’abord que les vents contraires retardaient la Licorne, peut-être qu’elle n’avait pu partir d’Angleterre à la date prévue, peut-être que quelque guerre maritime troublait les mers et gênait la navigation… Jamais ils ne voudraient admettre que le navire se fût perdu corps et biens !…

Or, dans quelques semaines, après sa relâche à Capetown, la Licorne paraîtrait dans les eaux de la Nouvelle-Suisse… Les familles Zermatt et Wolston apprendraient alors que les absents avaient pris passage à bord du Flag, qui n’avait pas reparu… Serait-il possible de douter qu’il eût péri corps et biens dans une de ces fréquentes tempêtes de l’océan Indien, et pourrait-on espérer revoir ses passagers ?…