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Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/107

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le numéro 9672.

Le professeur fit un signe négatif en montrant Hulda qu’il ne voulait pas priver de son frère.

En ce moment, un bruit, peu sensible encore, se fit entendre sur la route, du côté de Mœl. Tous écoutèrent. Bientôt, il n’y eut plus de doute, c’était le bruit d’une kariol. Elle se dirigeait rapidement vers Dal. Était-ce donc quelque voyageur qui venait passer la nuit à l’auberge ? C’était peu probable, et rarement les touristes arrivaient à une heure aussi avancée.

Hulda venait de se lever toute tremblante. Joël alla vers la porte, l’ouvrit, regarda.

Le bruit s’accentuait. C’était bien le pas d’un cheval et le grincement de roues d’une kariol. Mais telle fut alors la violence de la bourrasque qu’il fallut refermer la porte.

Sylvius Hog allait et venait dans la salle. Joël et sa sœur se tenaient l’un près de l’autre.

La kariol ne devait plus être qu’à une vingtaine de pas de la maison. Allait-elle s’arrêter ou passer outre ?

Le cœur leur battait à tous – horriblement.

La kariol s’arrêta. On entendit une voix qui appelait… Ce n’était pas la voix de Ole Kamp !

Presque aussitôt, on frappa à la porte.

Joël l’ouvrit.

Un homme était sur le seuil.

« Monsieur Sylvius Hog ? demanda-t-il.

– C’est moi, répondit le professeur, en s’avançant. Qui êtes-vous, mon ami ?

– Un exprès qui vous est envoyé de Christiania par le directeur de la Marine.

– Vous avez une lettre pour moi ?

– La voici ! »

Et l’exprès tendit une grande enveloppe qui était cachetée du cachet officiel. Hulda n’avait plus la force de se tenir debout. Son frère venait de la faire asseoir sur un escabeau. Ni l’un ni l’autre n’osaient presser Sylvius Hog d’ouvrir la lettre.