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Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/126

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un billet de loterie.

de la grande pêche et de pilotes dans la maison de Help frères. Là se trouvaient nombre de gens de mer qui naviguaient encore, et quelques-uns, plus âgés, maintenant à la retraite.

Tout d’abord, Sylvius Hog les mit au courant de la situation. Il leur apprit à quelle date – 3 mai – le document avait été jeté à la mer par Ole Kamp, à quelle date – 5 juin – le capitaine danois l’avait recueilli, et dans quels parages, soit deux cents milles au sud-ouest de l’Islande.

La discussion fut assez longue et très sérieuse. Il n’y avait pas un de ces braves gens qui ne connût quelle était, sur les parages de l’Islande et des mers de Terre-Neuve, la direction générale des courants dont il fallait tenir compte pour le problème à résoudre.

Or, il était constant qu’à l’époque du naufrage, pendant l’intervalle de temps compris entre le départ du Viken de Saint-Pierre-Miquelon et le repêchage de la bouteille par le navire danois, d’interminables coups de vent de sud-est avaient bouleversé cette portion de l’Atlantique. C’est à ces tempêtes, sans doute, qu’il fallait attribuer la catastrophe. Très probablement, le Viken, ne pouvant plus tenir la cape, avait dû fuir vent arrière. Or, c’est précisément pendant cette période de l’équinoxe que les glaces polaires commencent à dériver sur l’Atlantique. Il était possible qu’une collision se fût produite, et que le Viken eût été brisé contre un de ces écueils mouvants qu’il est si difficile d’éviter.

Donc, en admettant cette explication, pourquoi l’équipage, en tout ou partie, ne se serait-il pas réfugié sur l’un de ces icefields, après y avoir déposé une certaine quantité de vivres ? Si cela était, le banc de glace ayant dû être repoussé dans le nord-ouest, il n’était pas impossible que les survivants eussent pu finalement atterrir en un point quelconque de la côte groënlandaise. C’était donc dans cette direction et dans ces parages que les recherches devraient être tentées.

Telle fut la réponse faite, à l’unanimité, dans cette réunion de marins, aux diverses questions posées par Sylvius Hog. Nul doute qu’il ne fallût procéder de la manière indiquée. Mais que retrouver si ce ne sont des débris, au cas où le Viken aurait abordé quelque énorme iceberg ? Devait-on