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Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/180

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un billet de loterie.

formidable contre sa personne ! Lui ! assister au tirage de la loterie !… Mais, c’était tellement improbable que ce n’était pas possible. En somme, fausse alerte, rien de plus.

Vers deux heures un quart, il se produisit un certain mouvement dans la foule.

C’était le professeur Sylvius Hog qui se présentait à la porte de l’Université. On savait quelle part il avait prise à toute cette affaire, et comment après avoir été sauvé par les enfants de dame Hansen, il essayait de payer sa dette.

Aussitôt les rangs de s’ouvrir. Un murmure flatteur, auquel Sylvius Hog répondit par d’aimables inclinations de tête, se propagea à travers l’assistance et ne tarda pas à se changer en acclamations.

Mais le professeur n’était pas seul. Lorsque les plus rapprochés se reculèrent pour lui faire place, on vit qu’il avait une jeune fille au bras, tandis qu’un jeune homme les suivait tous deux.

Un jeune homme, une jeune fille ! Il y eut là une sorte de secousse électrique. La même pensée jaillit de tous ces cerveaux comme l’étincelle d’autant d’accumulateurs.

« Hulda !… Hulda Hansen ! »

Tel fut le nom qui s’échappa de toutes les bouches. Oui ! C’était Hulda, émue à ne pouvoir se soutenir. Elle fût tombée, sans le bras de Sylvius Hog. Mais il la tenait bien, la touchante héroïne de cette fête à laquelle manquait Ole Kamp ! Combien elle eût préféré rester dans sa petite chambre de Dal ! Quel besoin elle éprouvait de se soustraire à toute cette curiosité, si sympathique qu’elle pût être ! Mais Sylvius Hog avait voulu qu’elle vînt : elle était venue.

« Place ! Place ! » criait-on de toutes parts.

Et on se rangeait devant Sylvius Hog, devant Hulda, devant Joël. Que de mains s’allongèrent pour saisir leurs mains ! Que de bonnes et accueillantes paroles sur leur passage ! Et comme Sylvius Hog approuvait toutes ces démonstrations !

« Oui ! c’est elle, mes amis !… C’est ma petite Hulda que j’ai ramenée de Dal ! » disait-il.