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Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/34

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un billet de loterie.


– Si pénibles, répondit Ole, que je ne voyagerai plus, quand le mariage sera fait !

– Tu ne voyageras plus ?…

– Non, Hulda. Est-ce qu’il me serait possible de te quitter pendant de longs mois ?

– Ainsi, tu vas pour la dernière fois aller en mer ?

– Oui, mais, avec un peu de chance, ce voyage me permettra de rapporter quelques économies, puisque MM. Help frères m’ont formellement promis de me donner part entière…

– Ce sont de braves gens ! dit Joël.

– Tout ce qu’il y a de meilleur, répondit Ole, et bien connus, bien appréciés de tous les marins de Bergen !

– Mon cher Ole, dit alors Hulda, quand tu ne navigueras plus, qu’est-ce que tu feras ?

– Eh bien, je deviendrai le compagnon de Joël. J’ai de bonnes jambes, et si elles ne suffisent pas, je m’en fabriquerai en m’entraînant peu à peu. D’ailleurs, j’ai pensé à une affaire qui ne serait peut-être pas mauvaise. Pourquoi n’établirions-nous pas un service de messageries entre Drammen, Kongsberg et les gaards du Telemark ? Les communications ne sont ni faciles ni régulières, et il y aurait peut-être quelque argent à gagner. Enfin, j’ai des idées, sans compter…

– Quoi donc ?

– Rien ! Nous verrons cela à mon retour. Mais je vous préviens que je suis bien décidé à tout faire pour que Hulda soit la femme la plus enviée du pays. Oui ! J’y suis bien décidé.

– Si tu savais, Ole, comme ce sera facile ! répondit Hulda en lui tendant la main. N’est-ce pas à moitié fait déjà, et existe-t-il une aussi heureuse maison que notre maison de Dal ?

Dame Hansen avait un instant détourné la tête.

– Ainsi, reprit Ole en insistant d’un ton joyeux, l’affaire est convenue ?

– Oui, répondit Joël.

– Et il n’y aura plus à en reparler ?

– Jamais.