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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/111

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descente de police.

Ils étaient silencieux maintenant, absorbés dans leurs idées. Sauf quelques rares paroles, échangées entre M. Frank Johausen et le major Verder, on se taisait dans la berline. Si rapidement qu’elle courût sur cette route, on trouvait que les postillons ne marchaient pas. Le plus impatient de ces compagnons de voyage, le major, les stimulait par ses conseils, les relançait par ses objurgations, les menaçait même, lorsque la voiture ralentissait à quelque montée de côte.

Bref, cinq heures sonnaient lorsque la berline fit halte au dernier relais avant Pernau.

Le soleil, très abaissé sur l’horizon, ne tarderait pas à disparaître, et la Croix-Rompue était encore éloignée d’une dizaine de verstes.

« Messieurs, dit le juge Kerstorf, lorsque nous arriverons à l’auberge il fera tout à fait nuit, condition peu favorable pour commencer une enquête… Je vous propose donc de la remettre à demain, dès la première heure… En outre, comme nous ne trouverons pas de chambres convenables dans ce cabaret, il me paraît préférable de passer la nuit ici, à l’auberge du relais…

— La proposition est sage, répondit le docteur Hamine, et en partant au petit jour…

— Restons ici, dit alors M. Frank Johausen, et, à moins que le major Verder n’y voie quelque inconvénient…

— Je ne vois d’autre inconvénient que de retarder nos recherches, répondit le major, qui avait hâte d’être arrivé sur le théâtre du crime.

— Il est gardé depuis le matin, sans doute, ce kabak ?… demanda le juge.

— Oui, répondit le major Verder. La dépêche expédiée de Pernau m’informe que des agents y ont été immédiatement envoyés avec ordre de n’y laisser pénétrer personne et d’empêcher le cabaretier Kroff de communiquer…