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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/128

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VIII

à l’université de dorpat.


Ce 16 avril, le lendemain du jour où les magistrats avaient procédé à l’enquête dans l’auberge de la Croix-Rompue, un groupe de cinq à six jeunes étudiants arpentait la cour de l’Université de Dorpat, l’une des principales villes de la Livonie. Ils paraissaient mettre une certaine vivacité aux demandes et réponses qui s’échangeaient entre eux.

Leurs longues bottes craquaient sur le sable. Ils allaient et venaient, la taille étroitement serrée par leur ceinture de cuir, leur casquette, aux couleurs voyantes, coquettement inclinée sur l’oreille.

L’un disait :

« Pour mon compte, je garantis la fraîcheur des brochets qui figureront sur la table… Ils viennent de l’Aa, et ont été pris cette nuit même… Quant aux « stroemlings »[1] ce sont les pêcheurs d’Oesel, auxquels on les a payés cher, qui les ont fournis, et je casserais la tête à quiconque ne les déclarerait pas délicieux, en les accompagnant d’un fin verre de kummel !

— Et toi, Siegfried ?… demanda le plus âgé de ces étudiants.

— Moi, répondit, Siegfried, je me suis chargé du gibier, et qui soutiendrait que mes gelinottes et mes coqs de bruyère ne sont pas excellents aurait affaire à votre serviteur !

  1. Petits poissons crus marinés, très estimés en Livonie.