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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/171

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interrogatoire.

— Excellente précaution, répliqua le major, pour ne point être reconnu de témoins avec lesquels on risquerait d’être confronté ! »

Encore une insinuation de signification grave, dont le professeur ne pouvait méconnaître l’importance, et qui le fit visiblement pâlir.

« Enfin, ajouta le juge, vous ne niez pas avoir eu ce jour-là le garçon de banque Poch pour compagnon de route ?…

— Non… si c’est bien ce Poch qui était avec moi dans la malle…

— Ce n’est que trop certain », répondit le major Verder.

M. Kerstorf reprit en ces termes :

« Le voyage s’est poursuivi sans incidents, de relais en relais… À midi, il y a eu un arrêt d’une heure pour le déjeuner… Vous vous êtes fait servir à l’écart, dans un coin sombre de la salle d’auberge, toujours, semble-t-il, avec cette préoccupation constante de ne point être reconnu… Puis la malle-poste est repartie… Le temps était fort mauvais, les attelages ne résistaient que très difficilement à la bourrasque… Or, vers sept heures et demie du soir, voici qu’un accident se produit… Un des chevaux s’est abattu, et la voiture, dont l’essieu d’avant-train s’était brisé, a versé…

— Monsieur, dit M. Nicolef, en interrompant le magistrat, puis-je vous demander pourquoi vous m’interrogez sur ces faits et dans quel intérêt…

— Dans l’intérêt de la justice, monsieur Nicolef. Lorsque le conducteur Broks a eu constaté que la malle n’était plus en état de gagner le prochain relais, celui de Pernau, la proposition a été faite de passer la nuit dans un cabaret qui se voyait à deux cents pas sur la route… C’est vous-même qui avez indiqué ce cabaret…

— Que je ne connaissais pas, monsieur, et dans lequel, ce soir-là, je suis entré pour la première fois.