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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/178

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un drame en livonie.

« Le brigadier ne s’est point trompé… Je crois qu’il se trouvait bien au kabak, puisqu’il l’affirme… Seulement, je n’ai point fait attention à lui, s’il a fait attention à moi… Au surplus, je ne sais pourquoi, monsieur le juge, vous avez tenu à nous confronter, puisque j’ai déclaré de moi-même m’être trouvé cette nuit-là à l’auberge de la Croix-Rompue

— Vous allez le savoir, monsieur Nicolef, répondit le magistrat. Mais, auparavant, vous refusez-vous toujours de dire quel était le but de votre voyage ?…

— Je m’y refuse.

— Ce refus est fâcheux pour vous !

— Pourquoi ?…

— Parce qu’une explication eût peut-être empêché la justice de vous rechercher à propos de ce qui s’est passé cette nuit-là au kabak de la Croix-Rompue.

— Cette nuit-là ?… répéta le professeur.

— Oui… Vous n’avez rien entendu pendant le temps qui s’est écoulé entre huit heures du soir et quatre heures du matin ?…

— Rien, puisque j’ai dormi jusqu’au moment de me lever…

— Ni rien vu de suspect à l’instant de votre départ ?…

— Rien. »

Puis Dimitri Nicolef ajouta d’une voix qui ne dénotait plus aucun trouble :

« Je crois comprendre, monsieur, que, sans le savoir, je suis mêlé à quelque grave affaire, dans laquelle vous m’avez appelé comme témoin…

— Comme témoin… non, monsieur Nicolef.

— Non !… comme accusé ! s’écria le major Verder.

— Monsieur le major, observa le magistrat d’un ton sévère, ne vous prononcez pas avant la justice, et attendez son arrêt ! »

Le major dut se contenir et il sembla bien que Dimitri Nicolef murmurait ces mots :