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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/182

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XI

en face de la foule.


Après cet interrogatoire, le major s’attendait à ce que l’arrestation de Nicolef fût ordonnée, et bien d’autres le pensaient avec lui. En effet, le professeur s’était refusé à indiquer les motifs de son voyage. Sa précipitation à quitter le kabak dès quatre heures du matin, il n’en avait donné aucune raison plausible, sans même vouloir dire où il passa ses trois jours d’absence avant de revenir à Riga. Évidemment ce refus était de nature à augmenter les présomptions à son égard. Pourquoi donc, dans ces conditions, Dimitri Nicolef n’avait-il pas été mis en état d’arrestation ?… Pourquoi était-il libre de regagner son domicile, au lieu d’être conduit à la prison de la forteresse ?… Sans doute, il devrait se tenir à la disposition de la justice… Mais ne profiterait-il pas de cette liberté pour s’enfuir, maintenant qu’il se sentait si directement impliqué dans cette affaire de la Croix-Rompue ?…

En Russie, comme ailleurs, il n’y a pas à nier l’indépendance de la justice civile. Elle s’y exerce en toute plénitude. Cependant, lorsque l’élément politique apparaît dans une cause quelconque, l’intervention de l’autorité supérieure ne tarde pas à se produire.

Tel était le cas de Dimitri Nicolef, accusé d’un crime au moment où le parti slave le mettait en avant.

C’est la raison pour laquelle le gouverneur des provinces Baltiques, le général Gorko, s’était réservé de se prononcer sur