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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/236

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un drame en livonie.

l’animation des partis se déchaîna avec une passion plus violente encore. Il est très important de noter ici que l’affaire se doubla plus étroitement alors de l’animosité publique qui séparait en deux camps, non seulement la ville de Riga, mais les trois gouvernements des provinces Baltiques.

Dimitri Nicolef était slave, et les Slaves le soutiendraient autant dans l’intérêt de la cause que parce que, en réalité, ils se refusaient à le croire coupable de ce crime.

Kroff était d’origine germanique, et les Allemands s’en faisaient le défenseur, bien plus pour combattre Dimitri Nicolef que parce qu’ils portaient intérêt à ce tenancier d’un misérable kabak de campagne.

Les journaux luttèrent à coups d’articles sensationnels, suivant l’opinion qu’ils défendaient. On discutait dans les hôtels de la noblesse, dans les habitations de la bourgeoisie, dans les bureaux des commerçants, dans les maisons des ouvriers et des mercenaires.

Il faut en convenir, la situation du gouverneur général se compliquait. Les élections municipales approchaient. C’était avec plus d’éclat, avec plus d’enthousiasme que les Slaves proclamaient Dimitri Nicolef leur candidat et l’opposaient à M. Frank Johausen.

La famille du riche banquier, ses amis, ses clients, loin d’abandonner la lutte, combattaient par tous les moyens en leur pouvoir. Ils avaient pour eux, il est à peine nécessaire de le dire, la puissance de l’argent, et ils ne le ménageaient pas aux journaux de leur parti. Les autorités, les magistrats s’entendaient accuser de faiblesse, voire même de partialité. On exigeait la mise en arrestation de Dimitri Nicolef, et ceux qui parlaient avec plus de modération demandaient au moins l’arrestation de l’aubergiste et du professeur. Il importait que cette affaire eût son dénouement, quel qu’il fût, avant que les partis se rencontrassent sur