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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/243

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coups sur coups.

Wladimir la prit, l’examina attentivement, constata que c’était bien l’engagement signé par Dimitri Nicolef au profit de MM. Johausen frères, et, remettant la liasse de billets :

« Veuillez compter », dit-il.

Frank Johausen était devenu pâle, tandis que Wladimir le couvrait d’un regard méprisant. Sa main tremblait en froissant les billets de banque.

Soudain ses yeux s’animent. Une joie féroce brille sur son visage, et c’est d’une voix imprégnée de haine qu’il s’écrie :

« Ce sont là, Monsieur Yanof, des billets qui ont été volés…

— Volés ?…

— Oui… volés dans le portefeuille du malheureux Poch !

— Non !… Ces billets sont ceux que Dimitri Nicolef m’a apportés à Pernau, un dépôt que lui avait confié autrefois mon père…

— Tout s’explique ! affirma M. Frank Johausen. Ce dépôt… il n’était plus en mesure de vous le rendre, et alors, profitant d’une occasion… »

Wladimir recula d’un pas.

« Notre maison en avait conservé les numéros, et en voici la liste, ajoute Frank Johausen, en retirant du tiroir de la table une feuille de papier couverte de chiffres.

— Monsieur… monsieur, balbutiait Wladimir atterré, les paroles ne pouvant plus s’échapper de sa bouche.

— Oui, reprit Frank Johausen, et, puisque c’est de la part de M. Nicolef que vous apportez ces billets, c’est que Dimitri Nicolef les a volés à notre garçon de banque après l’avoir assassiné dans le kabak de la Croix-Rompue ! »

Wladimir Yanof ne trouva rien à répondre… Il sentait sa tête s’égarer, sa raison l’abandonner… Et pourtant, à travers le trouble de ses pensées, il comprit que Dimitri Nicolef était définitivement perdu… On dirait qu’il avait dissipé le dépôt confié à ses soins, que, s’il avait quitté Riga au reçu de la lettre de Wla-