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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/27

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slave pour slave.

Vers sept heures et demie, la brume s’étant levée, il devenait facile de reconnaître les abords du moulin. Que voyait-on en se penchant hors de la lucarne : à droite, une plaine tout enflaquée par la fonte des neiges, sillonnée d’une interminable route, qui se dessinait vers l’ouest, avec ses troncs d’arbres juxtaposés, car elle traversait un marécage, au-dessus duquel voletaient des bandes d’oiseaux aquatiques. Vers la gauche s’étendait le lac, glacé à sa surface, sauf au point où s’amorçait la rivière d’Embach.

Çà et là se dressaient quelques pins et sapins au feuillage sombre, qui contrastaient avec les érables et les aulnes réduits à l’état de squelettes.

Le fugitif observa d’abord que les loups, dont il n’entendait plus les hurlements depuis une heure, avaient quitté la place.

« Bien, se dit-il, mais les douaniers et les agents de la police sont plus à redouter que ces fauves !… Aux approches du littoral, il sera plus difficile de les dépister… Je tombe de sommeil… Pourtant, avant de m’endormir, il me faut reconnaître comment fuir en cas d’alerte. »

La pluie avait cessé. La température s’était relevée de quelques degrés, le vent ayant halé l’ouest. Or, cette brise, qui soufflait assez vivement, ne déciderait-elle pas le meunier à remettre son moulin au travail ?…

De cette même lucarne, on pouvait aussi apercevoir, à une demi-verste, diverses maisonnettes isolées, aux chaumes blancs par places, et d’où s’échappaient de minces fumées matinales.

Là, sans doute, demeurait le propriétaire du moulin, et il y aurait lieu de surveiller ce hameau.

Le fugitif se hasarda alors sur les échelons du petit escalier intérieur, et descendit jusqu’au bâti qui supportait la meule. Des sacs de blé étaient rangés au-dessous. Donc, le moulin n’était pas