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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/58

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un drame en livonie.

fois ! Cela n’arrive pas souvent, mais cela arrive aujourd’hui… Pas d’autre place retenue que la tienne…

— Quoi… personne ?…

— Personne, et, à moins qu’il ne monte un piéton en chemin, tu en seras réduit à causer avec moi ?… Va ! ne te gêne pas… Tu le sais, un bout de conversation ne me fait pas peur…

— Ni à moi, Broks.

— Et jusqu’où vas-tu ?…

— Jusqu’au bout de la route, à Revel, chez le correspondant de MM. Johausen. »

Et Poch, clignant de l’œil, indiquait le portefeuille, serré sous son bras, et que rattachait à sa ceinture une chaînette de cuivre.

« Eh !… là !… petit père, répondit Broks, inutile de jaser là-dessus !… Nous ne sommes plus seuls. »

En effet, un voyageur, qui avait pu remarquer le mouvement du garçon de banque, venait d’entrer dans le bureau.

Ce voyageur semblait mettre une certaine attention à ne point être reconnu. Enveloppé de sa houppelande, dont le capuchon retombait sur sa tête, il se cachait en partie la figure.

S’approchant du conducteur :

« Avez-vous encore une place libre dans la malle ?… demanda-t-il.

— Il en reste trois, répondit Broks.

— Une suffira.

— Pour Revel ?…

— Oui… pour Revel », répondit le voyageur, après une courte hésitation.

Et, ce disant, il paya en roubles-papier le prix de sa place jusqu’à destination, une distance de deux cent quarante verstes.

Puis, d’une voix brève :

« Quand partez-vous ?…

— Dans dix minutes.