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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/81

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le kabak de la « croix-rompue ».

« Notre voiture s’est brisée à deux cents pas d’ici… dit-il. Le conducteur et le postillon sont partis pour Pernau avec l’attelage… Ils doivent venir nous rechercher demain dans la matinée… En attendant, avez-vous deux chambres à nous donner pour la nuit ?…

— Oui, répondit Kroff.

— Il me faut l’une d’elles pour moi, ajouta Poch, et un bon lit si c’est possible…

— Vous l’aurez, répondit Kroff. Est-ce que vous êtes blessé ?…

— Une écorchure à la jambe, répliqua Poch, ce ne sera rien.

— Je retiens la seconde chambre », ajouta le voyageur.

Tandis qu’il parlait, il sembla bien à Eck qu’il le reconnaissait au son de sa voix.

« Tiens, se dit-il, je jurerais que c’est… »

Il n’était pas sûr, et, en sa qualité de policier, ne fût-ce que par instinct, il lui semblait bon de s’en assurer.

Pendant ce temps, Poch s’était assis près d’une table, sur laquelle il avait déposé son portefeuille, toujours retenu à sa ceinture par la chaînette.

« Une chambre… c’est bien… dit-il à Kroff. Mais une égratignure n’empêche pas de manger, et j’ai faim.

— Je vais vous servir à souper, répondit l’aubergiste.

— Le plus vite possible », répliqua Poch.

Le brigadier de police s’avança vers lui.

« En vérité, il est heureux, monsieur Poch, dit-il, que vous n’ayez pas été blessé plus grièvement…

— Eh ! s’écria le garçon de banque, c’est monsieur Eck !… Bonjour, monsieur Eck, ou plutôt bonsoir !

— Bonsoir, monsieur Poch !

— Vous voilà en tournée par ici ?…

— Comme vous voyez. Et ce ne sera rien, votre blessure ?

— Il n’y paraîtra plus demain. »