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Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/94

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un drame en livonie.

Mais il est de hautes classes qui n’ont rien de commun avec celles des fonctionnaires, telle en premier lieu, dans les provinces Baltiques, cette noblesse qui jouit d’une grande considération doublée d’une réelle puissance. D’origine germanique, elle est plus ancienne que la noblesse russe, elle a conservé d’importants privilèges, — entre autres, le droit de délivrer des diplômes, que ne dédaignent pas d’obtenir les membres de la famille impériale.

Près de cette noblesse coexiste la classe bourgeoise, son égale, sa supérieure même par son intervention dans l’administration provinciale et municipale, et, comme elle, ainsi qu’il a été dit, de race allemande presque tout entière. Elle comprend les marchands, les citoyens honoraires, et, un peu au-dessous, les simples bourgeois, qui forment une couche intermédiaire. Les banquiers, les armateurs, les artisans, les marchands, suivant la « guilde » dont ils relèvent, payent un impôt qui leur permet de faire acte de commerce avec l’étranger.

Dans cette bourgeoisie, la haute classe est instruite, laborieuse, hospitalière, d’une moralité et d’une probité parfaites. Aussi est-ce dans ses premiers rangs que l’opinion publique, avec juste raison, plaçait la famille Johausen et la maison de banque, dont le crédit, en Russie et à l’étranger, défiait toute attaque.

Au-dessous de ces classes privilégiées, et qui se sont imposées dans les provinces Baltiques, végètent ces paysans, ces cultivateurs, ces agriculteurs sédentaires, — un million au moins, — qui forment la véritable population indigène. Ces Lettons, parlant leur ancien idiome slave, tandis que l’allemand est resté la langue des citadins, s’ils ne sont plus des serfs, le plus souvent se voient traités comme tels, parfois mariés malgré eux, lorsqu’il s’agit d’accroître le nombre des familles dont les seigneurs ont le droit d’exiger une redevance.

On s’explique donc que le souverain de la Russie ait la pensée