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Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/108

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Ils avaient nom la Peur, la Honte et la Sottise,
Appétits empêchés que l’impuissance attise,
Ambition inepte et blême Vanité,
Attrait de faire mal avec impunité.


Et ces oiseaux avaient bien d’autres noms encore de même espèce : ils s’appelaient Rancœur, Parole mentie, Haine sans but, Ferveurs sans brides, Bave sur les vivants et sur les morts.

Mais, à côté des allégories, voici, non moins nombreux, les tableaux réalistes, comme on en voit dans les tableaux et les drames du XVe siècle : sur la table, des viandes qui fument jetant leurs odeurs sensuelles, de la chair de porc, de la chair de bœuf, de la chair d’agneau, des moutons gras qui grésillent encore ; sur les escabeaux des mangeurs, faisant craquer la peau de leurs flancs, comme des troncs qui crèvent leurs écorces, ou à demi-noyés, la tête sur la table, la langue tirée,


Pareils à des pourceaux repus de leur curée.


Dom Guy est bien un homme de 1411. Mais à toute époque, quelle que soit leur manière de vivre et de parler, il est des hommes qui savent se révolter contre la tyrannie d’un milieu malfaisant. Ce sont ceux qui ont la prédilection de Leconte de Lisle. En eux il reconnaît des parents et des devanciers, même s’ils sont des moines. Avec eux, il flagelle l’avarice, la traîtrise et la débauche.