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Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/68

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doit rejoindre sa tombe. Elle l’accompagne à travers la forêt. Les cheveux du mort commencent à disparaître. La jeune fille s’assoit sur le tombeau et dit : — Je resterai jusqu’à ce que le Seigneur m’appelle. — Mais la voix du fiancé répond : — Retourne dans ta demeure ; chaque fois que tu laisses tomber une larme, mon cercueil est plein de sang ; chaque fois que ton cœur est gai, mon cercueil est plein de roses.

Ainsi, pour conserver à la fiancée la vie et les joies de la vie, le fiancé s’adresse à l’amour même qu’elle lui porte.

Leconte de Lisle change le dénouement. Quand le fiancé demande à la fiancée qu’elle le quitte, elle refuse :


— Adieu, quitte-moi, reprends ton chemin ;
Mon unique amour, entends ma prière ! —
Mais Elle au tombeau descend la première
Et lui tend la main.


Et le poète ajoute :


Dans la même tombe ils dorment tous deux.
Ô sommeil divin dont le charme enivre !
Ils aiment toujours. Heureux qui peut vivre
Et mourir comme eux !


Quel est le dénouement le plus touchant ? Ce n’est peut-être pas le nouveau. Mais le nouveau est assurément celui que le poète français eût voulu donner à sa propre histoire.