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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/102

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armes. Djihan-Guîr feignit de l’en détourner ; Schère, s’obstina, alla sans armes au tigre, et l’étouffa.

Quelque temps après, il eut à se défendre contre un éléphant qu’on lâcha dans une rue étroite contre son palanquin : il triompha encore ; mais, voyant que l’empereur était à sa fenêtre et attendait l’issue de la lutte, il comprit qu’à la cour sa vie serait sans cesse menacée et il se retira dans son château de Bourdwan.

Le soubah du Bengale, Kouttoub, résolut de satisfaire à tout prix la passion du prince. Quarante soldats armés pénétrèrent un jour dans la chambre de Schère endormi. Un d’eux eut honte de frapper un homme sans défense : il l’éveilla. Schère saisit son épée, tua plusieurs des assassins, mit les autres en fuite, récompensa magnifiquement celui qui l’avait éveillé.

Le soubah imagina alors de faire une inspection générale de sa province et il passa sans affectation auprès de Bourdwan. Schère sortit de la ville pour recevoir le gouverneur. Se trouvant tout à coup entouré de cent épées nues, il comprit qu’il était tombé dans un guet-apens. Il poussa son cheval vers l’éléphant du soubah, s’élança sur la croupe de l’animal et trancha la tête à Kouttoub ; puis, il tourna sa fureur contre les autres. Il en fit un grand massacre ; mais, visé enfin par des mousquets, il comprit que sa mort était inévitable, se tourna vers La Mecque et tomba, percé de plusieurs balles.

Aussitôt on apprit à Mher-oul-Nissa qu’elle était délivrée de son mari. Ayant peine à contenir sa joie, elle se fit conduire au palais impérial. Une grande humiliation l’y