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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/109

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donc point calomniée, tout en la chargeant un peu, et il n’a modifié son histoire dans le détail (ce qui est toujours regrettable, j’en conviens, quand il s’agit d’un personnage ayant réellement existé), que pour la transformer en un type plus général qu’elle-même, celui de la favorite orientale.


DJIHAN-ARÂ[1]


L’Inde musulmane, qui connut d’autres Nurmahals, quoique de moindre envergure, connut aussi de très nobles femmes. Mais aucune ne fut plus magnanime que Djihan-Arâ, fille de Scha-Djihan.

Celui-ci fut le successeur de Djihan-Guîr, dont il était le troisième fils (avant son avènement il s’appelait Khorroum). Il régna d’abord paisiblement, et ce fut l’époque la plus fastueuse de l’empire mongol. Ce fut alors que l’on construisit ce trône dont, quelques années plus tard, le voyageur français Tavernier estimait les joyaux à plus de 150 millions de livres, et que l’on réunit ce trésor que l’empereur Aurang-Ceyb étala un jour aux yeux éblouis de notre compatriote. Scha-Djihan étant tombé malade, ses fils se disputèrent aussitôt sa succession, qui n’était pourtant pas ouverte. Ils étaient quatre (et non trois, comme dit Leconte de Lisle, soit par inadvertance, soit parce que le mot trois entrait plus facilement dans son vers) : ce fut le plus jeune qui


  1. Poèmes barbares, XXIII.